« Comment fait-on concrètement pour laisser circuler les émotions ? »
J’ai participé il y a quelques années à une retraite de méditation pendant 5 jours. L’instructeur, maitre spirituel ou professeur - appelez-le comme vous voulez - nous disait régulièrement :
« Vous avez une émotion ? Laissez passer, laisser faire. Ce n’est qu’une émotion. Il ne FAUT pas réagir ! »
Je me rappelle me sentir complètement démunie.
Concrètement comment faire ?
A cette époque je n’avais même pas intégré que j’avais un corps sous ma tête, que celui-ci contenait des sensations et des émotions. Alors autant vous dire que laisser circuler me semblait impossible à faire ! C’était un langage totalement inconnu pour moi.
Tous les soirs, nous pouvions lui poser des questions auxquelles il répondant en grand groupe le lendemain. J’ai donc noirci un bout de papier de cette question :
VOUS PARLEZ D’ACCUEILLIR UNE EMOTION ET DE LA LAISSER CIRCULER. CONCRETEMENT CA VEUT DIRE QUOI ET COMMENT ON FAIT ? MERCI
Quelle ne fut ma déception quant à la réponse apportée « c’est facile, laissez faire, laissez passer et ne réagissez pas ».
Si j’avais pu ressentir une émotion à l’époque, ça aurait été de l’agacement ^^
Aujourd’hui je mesure la torpeur dans laquelle je me trouvais ainsi que les injonctions délétères à accueillir, à lâcher prise. Dire qu’elles sont contre-productive est un euphémisme. Elles sont un nouveau traumatisme face à une extrême souffrance qui n’a besoin que de douceur et d’accueil. Je n’en dis pas plus, ça sera l’objet d’un autre article ^^
J’ai compris et intégré comment accueillir mes émotions grâce à la Gestalt. Ça en est même un des fondements. Plus qu’une psychothérapie, la Gestalt Thérapie est une manière d’aligner ce qu’on pense avec ce qu’on ressent. D’en faire le lien et ainsi d’être incarnés, présents à nos vies.
Alors aujourd’hui je vais vous partager comment je fais. Ce n’est qu’un exemple et certainement pas un guide en 4 étapes à suivre ABSOLUMENT.
1/ Je prends conscience de mes sensations corporelles
La première étape, pour moi, est de prendre conscience qu’il se passe quelque chose dans mon corps, de localiser et nommer.
« Qu’est-ce que je sens et où ? »
Puis je reste avec la sensation et je nomme son évolution minute à minute.
« Donc je sens une oppression dans la poitrine. J’ai l’impression qu’on me compresse le cœur. C’est chaud. J’ai envie de fuir tellement c’est désagréable. »
Pendant que je reste avec mon émotion, je ne suis pas dans la tête à empiler toutes les raisons du monde et à lancer la machine à penser qui me coupe justement du ressenti.
Je reste au contact de mon corps et je nomme, si possible à voix haute, ce qu’il se passe et comment ça évolue.
2/ Je nomme l’émotion
Petit à petit, je peux commencer à l’interroger « qu’est ce qu’elle veut me dire cette émotion ? »
« Elle me dit que je veux fuir, que j’ai peur ».
Ok maintenant j’ai accès à l’émotion. Il s’agit de la peur.
3/ Je fais de la place et je reste avec aussi longtemps que nécessaire
Maintenant je peux lui faire de la place.
« Bonjour émotion, bienvenue ».
Je respire dedans, je tente d’agrandir l’espace dans ma poitrine pour lui faire de la place, par la respiration. J’amène mon souffle dans ma cage thoracique et je tente d’y loger un ballon de basquet d’air.
« Bonjour peur »
Je mets du mouvement et je nomme « je ressens de la peur, c’est dans la poitrine et c’est ok ».
Et je reste au contact et curieuse de la manière dont les sensations évoluent. Est-ce que ça se déplace ? ça s’intensifie ? ça change de couleur / forme ou texture ? ça repart dans la tête ? C’est normal c’est sacrément inconfortable mais revenons y.
4/ Je commence à pratiquer dans la sécurité d'un accompagnement thérapeutique
Ça parait facile mais quand on n’a pas appris à le faire c’est souvent compliqué de le faire seul tant les sensations peuvent être désagréables et l’habitude de fuir dans la tête ou dans des comportements est ancré et automatique.
C’est la raison pour laquelle être accompagné peut être une clé.
Nous n’avons pas masqué nos émotions si longtemps sans raison.
Probablement que nous avons été laissés seuls avec ces grosses émotions « arrête de pleurer, c’est pas grave » ou « va dans ta chambre, tu reviendras quand tu seras calmé » ce qui nous laissait démuni avec des sensations intenses dans le corps et l’incapacité intellectuelle de leur donner sens, comprendre, nommer et donc laisser circuler l’émotion.
Et un jour, probablement qu’on a décidé que plus jamais on ne vivrait ça parce que c’était trop dur, trop souffrant.
Et quand des années plus tard, on entend qu’il n’y a qu’à laisser passer, qu’il ne faut rien faire, juste laisser être, ça a de quoi mettre en colère !
Pour autant, il s’agit d’un apprentissage. Petit à petit, nous pouvons apprendre à le faire, à expérimenter en toute sécurité avec un thérapeute puis prendre son autonomie émotionnelle.
Je peux vous accompagner.
N’hésite pas à me contacter si cela résonne en vous.