« J’ai un monstre dans le ventre et il ne faut surtout pas que je le laisse sortir et que quelqu’un le voit »

Ce sont les mots d’un client lors d’une séance.

Et ils m’ont profondément touché.

Parce que j’ai ressenti la solitude émotionnelle que cette personne s’impose du fait de cette croyance.

Comme je pense qu’il n’est pas le seul, je vais vous partager aujourd’hui l’échange que nous avons eu et le mouvement que je lui ai proposé d’explorer ensemble.

1/ Le monstre ressenti est représentation d'une émotion ancienne

Ce qui m’a particulièrement touché c’est que lorsqu’il me partage cette phrase et cette notion de monstre dans le ventre, j’entends les mots d’un petit garçon en train de vivre un débordement émotionnel et qui n’a personne auprès de qui la vivre et qui peut l’accompagner à la traverser en sécurité.

Et cette solitude émotionnelle enfant créé un adulte terrorisé de montrer sa vulnérabilité et d’aller au contact de ses émotions.

Voilà le premier reflet que je lui ai fait.

En explorant cette pensée et son ressenti, nous avons identifié que ce monstre qu’il ressentait était celui de l’imaginaire d’un enfant de 4 ans. Pour lui, son émotion prenait la forme d’un monstre qui, s’il sort, lui déchire les entrailles. L’intensité et l’ampleur émotionnelle perçue est celle ressentie par un enfant qui ne comprend pas ce qui lui arrive ; qui ressent une violente émotion dans le corps sans pouvoir mettre des mots et donc la laisser s’exprimer.

Vous voyez bien ici que cet imaginaire n’est pas actuel. C’est le passé, imprégné dans le corps, qui vient s’exprimer aujourd’hui, de manière automatique.

Sauf qu’aujourd’hui mon client est un adulte. Avec l’âge, la maturité et la structuration mentale, cette émotion serait plutôt de l’ordre d’un inconfort dans le corps, un sentiment de colère, une chaleur qui envahit et demande à circuler.

Ce n’est pas plus que ça … sauf quand la conscience n’a pas été portée sur ce mécanisme mis en place et la symbolique.

Eviter cette émotion et la maintenir dans le corps est devenu un tel réflexe qu’il n’avait même pas conscience que la peur n’était plus actuelle et qu’il était aujourd’hui en pleine capacité d’accueillir cette émotion.

Mettre de la conscience sur l'origine de cette représentation est la première étape pour soulager l'inconfort et ramener ce "monstre" à ce qu'il est réellement ... une émotion ... qu'il est parfaitement en capacité d'accueillir aujourd'hui.

2 / La peur d’être vue est paradoxalement ce dont il a le plus besoin

La deuxième chose que je lui ai dite c’est que cette angoisse que ce soit vu par quelqu’un est justement ce dont il a besoin.

Quand une émotion vécue enfant n’a pas la place, n’est pas accompagnée ni expliquée par un parent et ce de manière récurrente, elle devient dangereuse parce qu'elle provoque une réaction en face et met ainsi le lien à risque. Hors, pour un enfant, maintenir la connexion avec son parent est vitale pour sa survie.

Si je montre mon émotion à 4 ans et que en plus je suis accueillie par la colère ou l'agacement de mes parents ou encore qu’on me renvoie dans ma chambre le temps que je me calme, c’est double peine. Je reste seul avec cette intensité émotionnelle que je ne comprends pas, qui veut sortir mais qui me fait perdre l'amour de mes parents si je la laisse s'exprimer malgré tout.

Cela créé des adultes terrorisés de montrer leur vulnérabilité mais qui ont aussi terriblement besoin d’être vus, reconnus, accueillis tels qu’ils sont.

Dans cette vulnérabilité de montrer son émotion, il y a le désir le plus profond d’être vu.

Ce que j’ai pu lui partager c’est que de là où je suis, je le vois. Il a l’impression de masquer sa vulnérabilité et sa peur sous une apparente confiance en lui et une posture bras croisés de celui qui maitrise. Pour autant, dans le choix de ses mots, dans sa gestuelle et son regard, dans le tressaillement de sa voix, je le vois. Rien qu’en me disant que « c’est hors de question qu’il montre sa vulnérabilité à quelqu’un », je la vois.

Je la vois et je l’accueille, elle me touche et me donne envie d’en prendre soin, de la reconnaitre, de la nommer et de lui faire toute sa place.

Et ces quelques mots ont suffi à l’apaiser.

Parce que je ne force pas le chemin.

Parce que j’accepte sa peur.

Et parce que je nomme que je vois sa vulnérabilité et que je l’accueille.

Le but du travail en Gestalt Thérapie est d’abord de créer un espace de sécurité entre le thérapeute et le client, ici et maintenant, dans ce cocon.

Ici je vous assure que je suis là, avec vous et que je ne bouge pas, que je peux tout entendre et tout accueillir. Ça peut prendre du temps et ce n’est pas celui du mental mais du corps. Celui de toutes nos parts enfants qui ont manqué d’entendre ça « je suis là et je ne bougerai pas. Ce que tu penses, vis et ressens est ok pour moi et a toute sa place ici ».

Et quand la certitude est acquise, il se passe quelque chose de magique. Petit à petit vous pouvez vous autoriser à descendre dans votre corps donc dans vos émotions et donc dans votre passé.

Et le monstre qui était soi disant logé au plus profond de vous peut reprendre sa juste place d’un bagage émotionnel compressé et interdit d'exister qui est enfin  reconnu, exprimé et ressenti … donc libéré.

Le monstre à fuir et à écraser se transforme en nounours à prendre soin et à accueillir.

Je peux vous accompagner.

N'hésite pas à me contacter si cela résonne en vous.

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